[LES ENFANTS DE GORRE] Partie 2

Le précepteur de ces deux petits êtres avaient vu en eux la noirceur qui accompagnait leur âme. Afin de rendre hommage à la lignée Pendragon, le duc d'Aquitaine avait pris en charge les deux garçons. Les deux vies encore fragiles et abandonnées à la nature avaient besoin d'un nom pour véritablement faire leur place dans l'humanité.
Lorsque la jeune servante du duc, Agathe, avait récupéré les deux enfants au lac lors d'un pèlerinage de son souverain, elle avait attentivement observé le médaillon que portait le petit garçon aux cheveux noirs. Pour le duc, cela ne laissait que peu de place au doute, cet enfant était celui d'Arthur. Au dos du médaillon était inscrit le plus clairement du monde le nom de Mordred Pendragon.
Le second enfant quant à lui ne portait rien avec lui, à part ses yeux d'un bleu abyssal et sa peau pâle comme un glacier. Uriel de Galles deviendra son nom, comme celui du quatrième archange. Les deux enfants étaient aussi joueurs dans leurs premiers jours, attentifs au monde et au ciel, contemplatifs comme s'ils voyaient le monde autrement.

C'est la raison pour laquelle ils étaient tous les deux éduqués aux langues et à la philosophie par le meilleur maître à penser du continent, ils étaient chacun instruits comme des rois. Leur éducation étant parfaitement similaire, ils avaient pourtant développé des personnalités totalement différentes avec le temps. Mordred dégageait une aura perverse, sournoise et à la limite du vice. Il était taciturne, aussi solitaire qu'un Homme pouvait l'être et aimait lire autant que possible.
Uriel quant à lui savait observer la beauté du monde et n'avait d'yeux que pour le ciel, il passait la majeure partie de ses journées dans la cour du château qui les accueillait.
Leurs destins semblaient naturellement s'opposer pourtant ils passaient la majorité de leur temps ensemble. Mordred ne tolérait d'ailleurs que la présence de son frère. Très vite, les enfants étaient remarqués dans la cour d'Aquitaine par leur personnalité tout à fait exotique, étrangère aux jeux des apparences et leur sinistre histoire. Les courtisans n'avaient d'yeux que pour eux.

Mordred avait développé un calme froid, un stoïcisme perturbant. La seule chose qui savait le mettre hors de lui, dans une rage folle qui avait fait peur à plus d'un Homme, c'était de mentionner le nom de son père.