Lancelot ou la mort de l’Orcanie

Finalement, chacun semblait y trouver son compte, malgré un climat de peur constant. Mais ce que Loth n’avait pas vu, c’était la décomposition rapide de son royaume d’Orcanie. Tous les esprits étaient concentrés sur Kaamelott. Les étendards d’Orcanie et de Kaamelott s’étaient unifiés en une seule et même armée, Loth était devenu ministre général à Kaamelott, les civils orcaniens avaient rapidement déménagé autour de celle-ci.
La capitale avait vite englouti l’Orcanie qui n’était devenu qu’une annexe à la salle des coffres. Loth y avait déplacé tout son argent mais toute sa population s’était déplacée à la capitale. L’Orcanie était définitivement morte. Mais pour l’instant, cela ne préoccupait pas Loth, cela lui plaisait même, il était encore plus planqué qu’auparavant, débarrassé de ses responsabilité primaires de roi qui étouffaient ses ambitions. Qu’importe la révolte des forgerons ou la pénurie de salsifis; il était devenu roi pour dominer une armée, assouvir sa soif de conquête et de trahison. Fidèle à lui même, le roi d’Orcanie parasitait, il se rassurait de cette façon; du dos de la poule, la puce orcanienne s’était payée le luxe du dos de l’éléphant. Tous les collaborateurs de Lancelot n’étaient régits que par l’appât du gain. Le tyran étant dominé par la vengeance, il considéra dans certains élans de lucidité que son obsession ne valait pas mieux que celle de Loth. Lancelot était fou, profondément fou ; son inépuisable vaillance couplée à sa détermination sans faille ne lui autorisait aucune défaillance dans sa mission. Mais parfois, alors qu’il cherche la nuit un moyen de retrouver Arthur, il est soudain frappé par une importante mais éphémère remise en question. Malgré certains élans de nostalgie, trônant fièrement à la table ronde, il balayait ces souvenirs de la main, se convaincant que sa cause était juste. Arthur doit payer, payer pour l’usurpation, payer pour lui avoir volé Guenièvre.
Rapidement, il s’était octroyé la mission de récupérer la reine. Il le devait, elle était tout pour lui, la pièce maîtresse de son plan ; il avait volé le royaume d’Arthur, il devait lui prendre sa femme. Cette mission, il ne l’avait confié à personne d’autre qu’à lui-même. Aucun homme en blanc ne devrait mettre la main sur la seule femme qui compte pour lui.

Il s’y était pris tôt, suffisamment pour tomber dessus sur la route vers la Carmélide. Séli et Léodagan fuyaient, ils n’étaient pas armés, la tâche fut facile. Revenant à cheval, triomphant de sa toute première mission, il envoya Guenièvre dans le donjon. Hormis l’ordre, sa seconde obsession résidait dans la peur que Guenièvre lui échappe encore. Il avait donc amménagé le donjon en une cage dorée. La reine obtenait tout ce qu’elle souhaitait, excepté qu’on la libère de ses chaînes. Elle devint le symbole du triomphe de Lancelot.
Loth avait obligation de former une petite troupe qui avait pour but de servir la reine. C’est sa garde personnelle qui fut transformée en garde pour la Reine. Loth était profondément contre, ses hommes étaient désarmés, transformés en de vulgaires laquais en armure. Le roi d’Orcanie avait bien tenté de protester en menaçant de renoncer à cette alliance mais Lancelot avait tu la petite révolte en lui montrant qu’il avait perdu sa souveraineté ; ses hommes étaient devenus fidèles au Tyran de Logres, son château était vide et sa population avait migré à Kaamelott.
Pour couronner le tout, Anna avait menacé de le tuer par pénectomie, mot qu’il ne connaissait pas et qu’il redoutait par conséquent. C’est à ce moment qu’il se rendit compte que la traîtrise cupide avait un défaut, la victime peut être encore plus traître que vous. De souverain d’Orcanie, Loth n’était devenu que le chef de la garde de la reine et le trésorier d’un royaume qui n’existe plus.