[LES ENFANTS DE GORRES] Partie 6

Les derniers bols étaient débarrassés par une équipe de serviteurs. A la grande porte, Monomaque saluait le duc avant de se retourner pour prendre la route. Mordred et Uriel eux sont dans un coin de la salle, scrutant ses réactions. Étonnamment, le duc d'Aquitaine essayait d'être le plus bienveillant possible. Agathe n'était qu'une servante parmi d'autres pour lui et même s'il ne le disait pas, il le pensait. Ce qui l'inquiétait le plus c'est l'absence d'émotion de la part des orphelins après cet acte tragique. Aucune tristesse ni colère ne se lisaient sur le visage de Mordred. Cet enfant l'intriguait. En réalité, il lui faisait même peur.

Mordred n'exprimait aucun avis, ne laissait paraître aucune émotion et parlait peu. Personne n'avait réussi à le cerner, pas même son précepteur qui les avait éduqué du mieux qu'il pouvait. Si cet enfant commençait à semer la mort, il deviendrait un problème.

Malgré tout le respect qu'il portait à Arthur, le duc ne pouvait continuer d'accueillir un assassin. Il prit alors une dure décision : Ces enfants devaient partir.

Adoptant une attitude paternaliste, le duc tentait de leur expliquer le plus simplement possible la situation. Mordred et Uriel avaient bien compris que cet incident allait avoir des conséquences, ils savaient que la mort d'Agathe signerait la fin de leur vie confortable.

Malgré leur exil forcé hors du château, le duc ne pouvait pas les jeter dans l'arène de la vie sans rien. Par sa grande magnanimité, il leur avait offert une somme d'argent conséquente, deux chevaux, des pièges à animaux sauvages et de quoi installer un campement. Ils étaient maintenant parfaitement parés à affronter seuls le monde extérieur.

Les écuyers du duc avaient équipés les chevaux et les avaient fait monter dessus. Les deux montures leur étaient familières, ils avaient appris à monter avec eux.

Le corps de leur mère adoptive avait été inhumé après une cérémonie chrétienne où ils n'avaient pas été conviés. Uriel regardait le prêtre faire son office au loin comme un paria. Bientôt, lui et son demi-frère vivraient leurs premières nuits seuls, dehors et sans la protection d'un solide château. Tout ce qu'ils avaient connu de bon sera désormais derrière eux.